C’est ce mardi matin qu’est publié le très attendu bilan annuel de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui scrute les points forts et les points faibles des systèmes éducatifs de 34 pays. Concernant la France, l’OCDE se montre critique sur le manque de corrélation entre le système d'enseignement supérieur et le marché du travail.
En dix ans, l'échec scolaire est passé de 15 à 20% pour les 15-19 ans. Une régression inquiétante mais ce n’est pas tout. «Le problème est surtout l'insertion de ceux qui sortent du système scolaire», assure Eric Charbonnier, directeur à l'OCDE. Autrement dit, l'inéquation des enseignements dispensés en fac avec les besoins en entreprise. Par ailleurs, «on a ainsi peu desalaires proportionnels au nombre d'années d'études», poursuit le spécialiste Education. Autre constat : les investissements privés dans l'enseignement supérieur sont beaucoup plus rares que dans les autres pays
Le doctorat n'assure pas l'emploi...
Le doctorat n'est en outre valorisé qu'à travers le système académique, voire au sein même de l'Université. Contrairement à la plupart des pays nordiques pour qui il est un véritable diplôme lié à l'industrie et l'innovation. La proportion de doctorants en France est ainsi inférieure à la moyenne des pays de l'OCDE. Et plus d'un quart est attribué à des étudiants étrangers.
... mais le diplômé est moins sujet au chômage
Bien qu'en perte de reconnaissance, le diplôme français reste un rempart au chômage. Lorsque le taux général augmente, le jeune diplômé a en effet plus de chances de s'en sortir. Il résiste plus à la crise que le non-diplômé. De même en terme de salaires, moins sujets à des baisses pour les actifs ayant fait des études supérieures. 71 % des 15-19 ans non scolarisés sont sans emploi.
La voie professionnelle sous-exploitée
L'OCDE pose également la question du manque de formation professionnelle, une «piste à développer» qui, selon Eric Charbonnier, pourrait améliorer la croissance du pays. Seulement en France, les filières pro sont encore vues comme des voies de garage par les parents qui influencent inconsciemment leurs enfants. Pas de réforme scolaire possible sans un travail sur l'image de ces formations. «En Suisse par exemple, ces filières sont très valorisées», renchérit le directeur.
L’égalité des chances éprouvée
Encore faut-il accéder aux études. L'Hexagone reste mauvais élève en terme d'égalité des chances : «Quand on vient d'un milieu défavorisé en France, on a moins de chance d'accéder aux études supérieures qu'ailleurs», regrette Eric Charbonnier. Malgré de nombreuses mesures, le pays a encore du mal à se défaire d'une forte reproduction sociale. Toutefois, ce «handicap» est compensé par des chances de réussite plus fortes dans le supérieur chez les étudiants dont les parents sont les moins instruits. Pour l'OCDE, la solution réside dans un plus fort investissement en maternelle, «là où commencent les inégalités». Car même si la France consacre 6,3 % de son PIB (Produit intérieur brut) à son système éducatif -un taux très important par rapport aux autres pays - des efforts sur la répartition niveau par niveau sont encore à faire.