
Entre les rumeurs qui circulaient sur mon compte dans l’entreprise et les documents volontairement truffés d’erreurs ou transmis hors délais pour me mettre en retard, je pensais avoir essuyé tous les coups bas possibles», témoigne cet ancien directeur comptable du cabinet d’audit KPMG. Il se trompait. «Un jour, j’ai manqué une réunion importante car elle avait été décalée sans que personne m’en informe. J’ai perdu toute crédibilité face aux dirigeants de l’entreprise.» Lassé de ce climat hostile et de ses collègues, qui n’avaient visiblement pas accepté qu’il décroche son poste au détriment d’un candidat en interne, il a fini par démissionner.
Qui n’a jamais eu la sensation qu’un voisin de bureau manquait singulièrement de bienveillance et guettait la moindre occasion de le poignarder dans le dos ? L’environnement de travail étant de plus en plus compétitif, les coups bas n’y ont rien d’exceptionnel. Selon plusieurs études, deux salariés sur trois ont été victimes d’un collègue qui a tenté de les discréditer en public ou auprès de leur hiérarchie. Un constat qui ne surprend guère le sociologue Manuel Evrat : «Le sabotage professionnel est une des principales raisons pour lesquelles certains salariés ne parviennent jamais à s’élever au sein d’une société.» Et la crise a parfois exacerbé les tensions : toutes les manœuvres sont permises pour décrocher un contrat, obtenir une promotion ou se faire valoir auprès d’un supérieur. Ces coups bas peuvent vite gangrener une équipe et, si vous en êtes la cible, vous rendre le quotidien insupportable. A moins que vous ne parveniez à neutraliser les esprits malveillants.
Il se mêle de tout et colporte des ragots
«Tu es parti tôt hier.» «Tu as l’air distrait en ce moment, ça ne va pas ?» Face à l’insistance de sa collègue, ce commercial chez Axa a fini par lâcher qu’il était en train de divorcer. «Je l’ai vite regretté. La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Et craignant pour ma motivation au travail, mon supérieur m’a confié un projet de moindre envergure.» Dans chaque équipe, il y a un collègue qui joue les commères sans en mesurer les conséquences. «Evitez d’entrer dans son jeu, conseille la coach Sylvaine Pascual.
Limitez le copinage, cantonnez-vous aux sujets professionnels et surtout, ne livrez pas vos états d’âme.» Et pour dissuader les fouineurs et les curieux de vous interroger sur des questions privées, veillez à maintenir une certaine distance. Des rumeurs circulent sur vous et vous suspectez un collègue d’en être l’instigateur ? Confrontez-vous à lui en tête à tête. Restez calme : en prenant le mors aux dents, vous ne feriez qu’ajouter de la crédibilité aux accusations. Dites-lui – même si c’est du bluff – que vous détenez la preuve qu’il propage des informations douteuses sur votre compte. Faites-lui peur en le menaçant de porter l’affaire devant la DRH : tenir des propos diffamatoires constitue une faute passible au minimum d’un avertissement.
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