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Louis Gallois a accepté de se livrer le 21 novembre, alors qu'il intervenait à l'institut Diderot à Paris sur l'avenir de l'industrie française, au jeu des différences entre son rapport sur la compétitivité qui a tant fait de bruit et le pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi qu'il a inspiré et que le gouvernement a dévoilé le 6 novembre dernier.
"Je n'ai pas sondé les reins et les coeurs", nous prévient Gallois, mais il remarque d'emblée que le gouvernement n'a pas engagé de réforme du financement de la protection sociale, contrairement à ce qu'il préconisait, sans doute, pense-t-il, car il a préféré laisser délibérer le Haut Conseil du financement de la protection sociale, qui a remis le 2 novembre à Jean-Marc Ayrault son "état des lieux" du système français.
Gagnant-gagnant
Le gouvernement a donc choisi "un autre système qui est le crédit d'impôt", relève le commissaire général à l'investissement, qui travaille sous la houlette de Matignon. Il estime que le crédit d'impôt "présente plusieurs avantages et une ou deux insuffisances". D'abord, l'ex-président d'EADS juge que "l'avantage, c'est que, si le texte est bien rédigé, il pourra être dans les comptes des entreprises en 2013 et supporté par l'État en trésorerie en 2014." Il révèle : "Je me le suis fait confirmer par les commissaires aux comptes." Du gagnant-gagnant en quelque sorte...
Ensuite, il assure que "cette mesure est extrêmement simple, beaucoup plus que le crédit d'impôt recherche", en raison de son mode de calcul. Mais l'inconvénient du crédit d'impôt, selon Gallois, est "qu'on n'a pas traité le problème des charges sociales" : "Maintenant il appartient à la concertation en cours de le traiter, avec des marges de manoeuvre écornées puisqu'on a déjà utilisé l'instrument fiscal pour les 20 premiers milliards", nous dit-il.
De fait, Louis Gallois préconisait plutôt 30 milliards d'euros d'allègement de charges sociales pour les entreprises, au lieu de 20 milliards décidés par le gouvernement, et souhaitait même dans les premiers temps de ces travaux proposer 40 milliards, nous rappelle par ailleurs un député socialiste très au fait de ces questions.
Des" concertations" sont en cours, rappelle Gallois, notamment sur les contreparties dont les entreprises devront s'acquitter. Il paraît d'ores et déjà acquis que des salariés entreront au conseil de surveillance des grandes entreprises.
"Le Rubicon de la TVA"
Par ailleurs, Louis Gallois lâche : "Il y a un Rubicon que je n'avais pas osé franchir dans mon rapport, c'est l'augmentation de la TVA. J'ai donc proposé la CSG, mais j'ai vu que le gouvernement était passé à l'acte."
Le rapport Gallois plaidait "pour un choc de compétitivité". Mais il n'a pas convaincu François Hollande qui a ironisé lors de sa conférence de presse du 13 novembre : "On m'avait dit il faut faire un choc, ça faisait chic, paraît-il. Mais l'économie n'aime pas les chocs." Gallois a semble-t-il entendu le président : "Ce choc de compétitivité n'a plus qu'un intérêt historique puisque le gouvernement a choisi un autre chemin", lâche-t-il.
