200000 Ingénieurs et Managers formés ![]() |
L’expérience des écoles de Paristech peut servir d’inspiration pour spécifier ce que l’on entend par « cours sur l’innovation ». Celles-ci ont développé depuis une quinzaine d’années des programmes de formation centrés sur l’innovation et l’entreprenariat. Elles ont récemment synthétisé leurs approches dans un livre blanc (Former à l’innovation à ParisTech, effervescences et perspectives, 2010), et les ont confrontées aux expériences étrangères (Allemagne, Corée, Singapour...).
Instaurer des cours centrés sur l’innovation est un levier évidemment important : gestion de projet, création d’entreprise, propriété intellectuelle, théories et méthodes de conception, histoire de l’innovation, management de l’innovation, etc. Autant de disciplines et de méthodes pertinentes pour de nombreuses filières de formation.
Les cours sont loin de régler la question. Former des innovateurs nécessite des formations dans l’action, qui associent étroitement les enseignements avec des projets d’innovation, tutorés par des enseignants-chercheurs. Ces dispositifs sont indispensables pour opérationnaliser les théories et méthodes, et pour développer les indispensables « savoir-agir » de l’innovateur (prise d’initiative, transgression, capacité à agir au sein de collectifs émergents...).
Le succès à terme de la formule repose sur deux piliers qui doivent être solidifiés.
Premier pilier, que les formations se nourrissent des apports les plus actuels de la recherche en sciences de gestion. Le domaine de la stratégie et du management l’innovation, de l’entrepreneuriat, des théories et méthodes de la conception... constituent des champs en plein développement. Sauf à risquer de véhiculer des discours creux ou dépassés, passer à l’échelle nationale va donc demander une large implication d’enseignants-chercheurs aguerris à ces théories et méthodes. Il est alors indispensable de soutenir les équipes en place qui travaillent sur ces questions, et notamment de créer une section « Gestion de l’Innovation » au Conseil national des universités.
Deuxième pilier, que les projets étudiants soient réellement innovants. Mettre en place un dispositif de type Cifre pour la formation master constituerait un puissant levier pour inciter les PME à jouer ce jeu gagnant-gagnant. Sanctuariser dans les emplois du temps un créneau dédié à l’innovation permettrait de constituer, pour ces projets, des équipes multidisciplinaires (ingénieur, designer, commercial, artistes,...) prometteuses et formatrices. L’initiative Pôle entrepreneuriat étudiant Paris Saclay est un premier exemple de synchronisation innovante entre Ecoles et Universités.
Il nous faut aller vite. Il n’est plus temps de se demander s’il faut ou non former à l’innovation. Ce n’est presque plus l’heure de se demander comment.