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Les succès du dernier sommet européen n'ont pas relancé l'appétit pour l'Europe au Royaume-Uni. Au contraire. Plus que jamais, alors que les discussions sur l'Europe y sont monopolisées par les anti, la sortie du pays de l'Union est à nouveau évoquée. Charles Grant, un expert du Centre for European Reform, estime qu'il y a 70 % de chance qu'un référendum soit organisé après les élections de 2015 et 50 % de chance qu'il se conclue par un « non » à l'Europe.
Le Royaume-Uni a en effet connu cette semaine une nouvelle poussée d'euroscepticisme. Liam Fox, l'ex-ministre de la Défense, a ainsi affirmé que « la vie en dehors de l'euro n'a rien d'effrayant ». Il ne plaide pas pour un référendum immédiatement mais l'estime incontournable à terme. D'autres députés parmi la centaine très eurosceptiques n'ont pas pris de pincettes. Ils ont réclamé un référendum maintenant à un Premier ministre poussé dans ses retranchements lundi à Westminster. David Cameron a une nouvelle fois répondu de façon ambiguë. « Je suis pour l'adhésion du Royaume-Uni à l'Europe, le marché unique étant vital pour nous », a-t-il expliqué, tout en déclarant que « le statu quo n'était pas acceptable » et en n'excluant pas de consulter la nation sur le sujet.
Comme beaucoup sur le continent, les Britanniques considèrent que le succès de la semaine dernière sera de très courte durée. Ensuite, parce que la perspective d'une solution en Europe risquerait plutôt d'attiser les désirs des eurosceptiques de pousser le gouvernement à renégocier les termes de l'attachement du Royaume-Uni à l'Europe pendant qu'il est encore temps.
Ce qui est plus surprenant, c'est que, à mesure que la sortie du pays devient de plus en plus possible, personne ne prenne la défense de l'adhésion à l'Union. Estimant que David Cameron cherchera à éviter à tout pris un référendum et que la situation n'est pas si alarmante, Maurice Fraser, un expert de Chatham House estime que les pro-européens sont pris au piège. « S'ils rentrent dans ce débat, ils légitiment l'argument de leurs opposants selon lequel il faut consulter la population », explique-t-il. Or celle-ci semble favorable à une sortie de l'Union, notamment sous l'influence de la presse tabloïd. Même les travaillistes, plutôt pro-européens, jouent avec l'idée de proposer un référendum, bien que ce soit en grande partie pour diviser les tories.
Les milieux d'affaires pourraient cependant bientôt entrer dans le débat et prendre le parti de l'Europe, selon certains experts. Maurice Fraser note qu'une grande partie des conservateurs sont probusiness et qu'ils verraient d'un mauvais oeil que le Royaume-Uni ne devienne qu'un partenaire commercial de l'Europe sans avoir y voix au chapitre. « Entre rejoindre la zone de libre-échange américaine (Nafta), devenir la Suisse ou la Norvège, les anti-européens sont divisés et n'ont pas de stratégie crédible pour le pays », note Charles Grant. Ils risquent en outre par leur comportement de commencer par fâcher leur futur principal partenaire commercial. Enfin, si la zone euro éclate, il serait contre-productif pour le Royaume-Uni de ne pas participer à la redéfinition de l'Europe qui s'ensuivrait. De quoi militer pour au moins attendre quelques années avant de tenir un référendum.