Le fameux "déluge" des données présent et à venir est une opportunité pour les individus, l'Etat ou encore les entreprises. Vont-ils tous en profiter également ? Pas si sûr...
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Vivre parmi les donnéesQu'est-ce qu'une « donnée » ? D'où vient l'explosion des données ? Quelles possibilités ouvrent-elles, et quelles questions posent-elles ?
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Le fameux « déluge de données » présent et futur a de multiples origines : données de l'Open Data, venu du secteur public et éventuellement de certaines entreprises, des réseaux sociaux, des entreprises, du crowdsourcing, de l'Internet des objets et du Web.
Il représente une opportunité pour tous : les individus (simples citoyens, militants et journalistes), les entreprises (grandes et petites), et l'Etat. Vont-ils tous en profiter également ? Je ne le pense pas : nous ne sommes pas tous égaux devant les données, et certains vont être mieux équipés que d'autres pour en profiter.
Pour « profiter » du déluge, il faut être capable d'identifier les données, d'y accéder, de les comprendre et de les utiliser. La fracture d'accès aux données va donc être celle des moyens techniques, des moyens d'accès et des moyens d'analyse. Un certain nombre de fractures numériques vont se matérialiser. J'en donne quelques exemples ci-dessous.
CITOYENS VS. PROFESSIONNELS
Pour le citoyen, une première demande est celle de la transparence : Je veux avoir accès aux données pour savoir ce que l'Etat fait. Pour cet aspect, la combinaison de l'offre Open Data et du travail des journalistes de données peut constituer une réponse satisfaisante.
Une deuxième demande peut être économique : je peux me demander comment acheter moins cher, trouver un appartement à louer, identifier le meilleur trajet, obtenir des informations sur la société dont je veux acheter les actions en bourse, etc. Pour cet aspect, on peut espérer que l'offre applicative commerciale ou non contribuera à répondre à la demande. Mais il est clair que son niveau d'accès à l'information ne sera jamais celui des professionnels (par exemple dans le cas de la Bourse).
EUROPE VS. ETATS-UNIS VS. CHINE
Google dispose des données des recherches que font les Français sur son site. Par ce biais, Google sait ce que « pensent » les Français. Cette information n'est disponible que chez Google, on peut y avoir un petit peu accès via des outils comme Google Trends ou Google Correlate, mais c'est un outil qui ne donne pas accès aux données. Ceci montre que les plateformes des réseaux sociaux des européens ne sont pas accessible aux européens, parce qu'opérées par des sociétés américaines. Cette situation est à comparer à celle de la Chine, qui a pour des raisons stratégiques éliminé les réseaux sociaux américains de son territoire et les contrôle directement.
GEANT DU B2C VS. RESTE DU MONDE
On connait l'anecdote du père de famille américain qui voit sa fille adolescente recevoir des publicités des vêtements Target pour femme enceinte. Il appelle le magasin, se plaint qu'ils la poussent à la grossesse (les grossesses d'adolescentes sont un problème aux Etats-Unis), le magasin s'excuse. Le père rappelle un mois après pour s'excuser, sa fille était effectivement enceinte, et le magasin le savait par l'analyse de ses tickets de caisse. La grande distribution dispose donc de données de grande valeur, données qui sont et seront exploitées par elle pour son intérêt propre, et auxquelles personne d'autres n'aura accès.
EGALITE D'ACCES
Comment contribuer à l'égalité d'accès de tous au déluge des données ? Un certain nombre de facteurs positif peuvent y aider :
· Les annuaires de données : ils recensent, ordonnent, structurent, aident à comprendre les données, qu'ils soient opérés par l'Etat (data.gouv.fr), les collectivités locales (data.nantes.fr) ou le privé (www.data-publica.fr), ils constituent clairement une contribution à l'égalité d'accès pour tous aux données publiques
· Le bon choix des formats de données : s'ils sont adaptés à l'usage qui doit être fait des données, ils peuvent aussi y contribuer. Cela dépend bien sûr de l'usage : un format PDF peut être idéal pour un usage de présentation et désastreux pour un ré-utilisateur, un format CSV peut produire l'effet inverse.
· Le travail des « journalistes de données » qui permet d'identifier et de comprendre les données importantes et intéressantes.
· Les outils de visualisation de données, génériques ou spécifiques constituent aussi un moyen de compréhension et d'analyse des données.
· Les applications développées sur les données disponibles remplissent aussi ce rôle de médiation pour les utilisateurs (individus ou organisation).
http://www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr/organisations/le-deluge-de-donnees-peut-il-profiter-a-tous-_a-12-1696.html
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