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L'Open data ou la démocratie augmentée

24/11/2012

24 novembre 2012

france


Loïc Bodin

 

 

 

Publication: 20/09/2012 06:00
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L'open data serait-il l'avenir de la démocratie, son renouveau voire même son aboutissement ? En dehors d'un petit cercle d'initiés experts du numérique en général ou de l'open data en particulier, la question peut sembler curieuse si ce n'est absurde. L'open data, alors qu'il concerne directement la société et l'ensemble de ses composantes, est une expression barbare pour la plupart des citoyens français. Ce paradoxe est lié à plusieurs freins, qui, une fois levés, permettront à chacun de s'engager pleinement dans la vie de la cité.

Jargon
Tout d'abord, dans l'open data comme dans le digital, le jargon (1) est un frein largement sous-estimé par nombre de personnes ou d'organisations qui se plaignent régulièrement du "retard français" en matière de numérique. L'open data n'est pas un monstre à trois têtes : c'est simplement la mise à disposition des données publiques produites par les administrations. Derrière l'expression anglo-saxonne se cachent des réalités bien concrètes, directement compréhensibles par tous : statistiques, budgets, comptes de l'État ou des collectivités locales, expression démocratique, informations sur les logements, contenus culturels, etc. C'est du reste l'une des missions que s'est fixé Net:Lab, à savoir décrypter et apporter un éclairage intelligible sur des questions paraissant compliquées ou techniques. 

Les données, carburant de la démocratie
Le numérique entraîne un changement en profondeur de l'exercice démocratique. Il permet à chaque citoyen de s'exprimer quotidiennement et de faire entendre sa voix. Tout le monde a désormais la possibilité de fédérer des groupes de personnes partageant des intérêts, des problématiques ou des objectifs communs. La démocratie n'est plus un rendez-vous ponctuel entre le peuple et ses représentants : elle s'exerce dorénavant en continu, sous une forme complémentaire à celle du vote traditionnel. Mais dans un cas comme dans l'autre, c'est l'information à laquelle le citoyen a accès qui lui permet de mener sa propre réflexion. Aussi, l'ouverture des données publiques est-elle une exigence démocratique : c'est en partageant ce savoir que l'on enrichit la connaissance des citoyens. Une connaissance nécessaire : savoir, c'est pouvoir choisir en conscience.

Transfert de pouvoir
Il faut bien réaliser le changement qui est à l'œuvre. Si l'on accepte l'idée selon laquelle la connaissance des données publiques représente une forme de pouvoir (celui d'avoir à sa disposition les informations pour comprendre les enjeux et parvenir à se positionner sur tel ou tel sujet), l'open data en représente un véritable transfert. Dès lors que les données publiques, chiffres et statistiques sur lesquels se fonde l'action publique, ne sont plus aux mains de l'Administration et de quelques élites, le pouvoir qu'avaient ces dernières est partagé avec la multitude. Naturellement, celles et ceux qui sont aux responsabilités demeurent les grands décisionnaires. Toutefois, leurs choix et leurs résultats seront de plus en plus confrontés à l'esprit critique d'un citoyen (re)-devenu acteur, comptable et auditeur. On comprend bien dès lors que des réticences puissent voir le jour ici où là dans les administrations et parmi les élus. Comme l'ont montré Nicolas Colin et Henri Verdier (L'âge de la multitude, Armand Colin 2012), les entreprises et les administrations sont désormais confrontées, sous l'effet de la révolution numérique, à une "multitude" porteuse d'innovations et de changement. Elles ne pourront pas résister longtemps avant d'engager elles-mêmes une mue interne qui fera voler en éclats les structures hiérarchiques, l'organisation du travail et les modalités de prises de décision. Ajoutez à ce processus, porté par le numérique, une touche d'open data et vous avez là la recette d'un changement de paradigme à bien des égards inquiétant pour les structures traditionnelles.

Un rôle nouveau pour le citoyen ?
Nous venons de préciser en quoi l'open data, couplé avec le développement du numérique et l'avènement d'une société "hyperfluide" (Colin & Verdier, Ibid), donnaient au citoyen des outils et des connaissances nouvelles pour mieux comprendre le fonctionnement de sa cité et y agir plus activement. S'il décide d'en saisir l'opportunité, son rôle pourra se renforcer au moins à trois égards : 

  • en tant que garant et comptable des décisions prises (l'administration et les élus doivent rendre des comptes de leur action, scrutée par des citoyens mieux informés) ;

  • en tant qu'acteur : même si le citoyen ne va pas se substituer à l'administration, il pourra mettre au point des outils ou services que l'on pourrait imaginer devenir des sortes de délégations de services publics ;

  • en tant qu'influenceur en soumettant ses idées et propositions à l'ensemble des citoyens, via internet, et en agrégeant les personnes qui y souscrivent : une forme de lobbying amateur.

 

Avec un effort d'imagination et de vision prospective, l'on pourrait aller jusqu'à imaginer l'élaboration de la loi ou des budgets par les citoyens eux-mêmes avec une nouvelle mission pour l'État, les administrations et les représentants, qui se rapprocherait du "management" ou plutôt de l'"animation".

Quelques conditions techniques
La volonté et les choix politiques à venir seront décisifs pour le renforcement de l'exercice démocratique via l'open data. Tout d'abord, les données doivent être rendues accessibles dans des formats bruts (non éditorialisés) et ouverts (librement reproductibles et réutilisables). Ensuite, pour une meilleure efficacité et une exploitation simplifiée, il serait utile que les différents pays, disons au moins à l'échelle européenne, de même que les collectivités locales, s'entendent sur des formats qui permettraient d'établir des comparaisons (2). Enfin, les responsables politiques et administratifs doivent stimuler des communautés de citoyens et d'entreprises pour qu'elles élaborent des services sur la base des données rendues accessibles. Car c'est un leurre de penser que l'ensemble des citoyens va se ruer vers les plateformes de données publiques dès leur mise en ligne. Et c'est encore plus absurde de penser que tout un chacun va parvenir à exploiter ces données, qui nécessiteront des compétences techniques et des efforts d'éditorialisation.

Conclusion
Il y a fort à parier que l'avènement d'une démocratie renforcée, ou "augmentée", dans laquelle le citoyen, mieux informé grâce à l'open data et mieux lié à ses pairs par le numérique, émergera d'abord au niveau local. Les problématiques y sont plus accessibles et les préoccupations plus harmonieusement réparties. Les collectivités locales doivent donc être à la pointe de l'ouverture des données, soutenues par l'État qui reste la force d'impulsion. Il n'est pas inenvisageable que des citoyens eux-mêmes s'engageront bénévolement auprès des collectivités où ils vivent pour proposer leurs services et accélérer le processus. L'État et les collectivités locales auront alors progressivement comme obligation de stimuler et valoriser les initiatives ainsi que de former celles et ceux de nos concitoyens qui n'auront pas encore l'équipement, la culture ou la formation pour s'approprier l'outil numérique et les nouveaux usages démocratiques.

(1) J'entends par jargon le terme « open data » en lui-même mais également tout le langage technique ou "geek" : "URL", "Big Data", "web sémantique", etc.

(2) à titre d'exemple, il serait opportun de s'inspirer de l'initiative mise en place aux Etats-Unis concernant l'open data des villes américaines : http://www.data.gov/communities/cities

 
 
 

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