Les ingénieurs retrouvent le chemin des usines. "J'ai une vraie curiosité technologique. Quand Valeo est venu dans mon école, j'ai trouvé les projets présentés intéressants, et cela m'a convaincu de faire mon stage de fin d'études dans cette entreprise", confie Valentine Le Gentil, 31 ans, diplômée de l'UTC de Compiègne, responsable qualité projets avancés chez Valeo. Un bon point pour l'équipementier automobile, qui a su, ensuite, proposer à la jeune femme un parcours professionnel attractif.
Car, avec des taux d'insertion professionnelle de près de 80% deux mois après l'obtention de leur diplôme (1), les ingénieurs affichent des exigences fortes. Pour les séduire et les fidéliser, "les industriels ont compris qu'il fallait communiquer sur leurs projets et moderniser leur parcours professionnel", confirme Alexandre Rigal, directeur de la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs).
Première étape pour renouer avec ces candidats très recherchés: répondre présent sur les campus. "Pour que cela soit efficace, il faut une personne chargée des relations avec les écoles et de solides partenariats avec les établissements", conseille Jean-Christophe Toureng, responsable de la division ingénieurs du cabinet Robert Walters. Ainsi, lors de journées portes ouvertes, Bosch n'hésite pas à faire venir sur son site la Peugeot diesel hybride 3008 afin de faire connaître et d'expliquer ses innovations.
Etre présent sur les réseaux sociaux
"Des élèves peuvent également passer une journée sur le terrain avec l'un de nos ingénieurs. C'est important qu'ils puissent se projeter et s'identifier", précise Mélanie Zink-Faure, responsable marketing RH du groupe. L'équipementier a récemment rénové son site Internet pour mettre en avant la diversité de ses activités: un investissement en R&D de l'ordre de 8% de son chiffre d'affaires et plus de 4100 brevets déposés par an. Chez EDF, pas moins de 15 personnes animent la marque employeur et 300 ambassadeurs prêchent la bonne parole dans les écoles. Une application iPhone et des opérations spéciales sur Facebook assurent, en outre, une présence sur les réseaux sociaux.
Mais promettre des missions intéressantes et rajeunir son image ne suffit pas. Les industriels travaillent aussi sur la gestion des carrières. Bouygues Construction construit des parcours autour de son fonctionnement en mode projet et investit plus de 5% de sa masse salariale dans la formation. "Du conseil à la gestion de vie du bâtiment, en passant par la construction, nos ingénieurs peuvent développer leurs compétences", assure Amélie Quidor, directrice du développement des RH du groupe de BTP.
La mobilité internationale, très prisée par les ingénieurs, s'organise. "180 jeunes partent en VIE (volontariat international en entreprise) dans des pays comme le Japon ou le Mexique", confirme Patrick Benammar, directeur de formation du groupe Valeo. Pour sa part, GDF Suez a lancé une opération de découverte des métiers à travers le monde ouverte aux jeunes diplômés.
Reste que certains groupes offrent depuis quelques années des parcours sur mesure et haut de gamme aux plus talentueux. "J'aime relever de nouveaux défis. En rejoignant le Global Graduate, j'ai pu suivre trois missions de six mois sur des métiers différents. C'est aussi une belle reconnaissance", confie Julien Desclée, diplômé des Arts et Métiers, chef d'équipe en logistique de Bombardier, en poste en Allemagne. L'enjeu pour le groupe aéronautique et ferroviaire est clair, explique Céline Venables, responsable du développement RH pour le site de Crespin: "Nous mettons l'accent sur l'international et créons ainsi un vivier de futurs leaders et managers."
(1) Source: enquête CDEFI sur les promotions 2010.