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Le Trophée des femmes de l'industrie met en lumière des femmes qui prouvent que le secteur ne gagne rien à rester la chasse gardée des hommes. Mais pour parvenir à une vraie mixité, il faut des formations adaptées et le soutien des entreprises.
Des hommes à tous les étages. Chaque matin, Florence Jacquemart, la responsable de l'exploitation de la tour Eiffel pour TDF, rejoint ses équipes, presque exclusivement masculines. Candidate de notre premier Trophée des femmes de l'industrie, elle ne cache pas qu'au début ses collègues "ont été surpris de voir débarquer une femme, mais que cela n'a posé finalement aucun problème".
Être une femme au milieu d'hommes, c'est le quotidien de celles qui ont choisi de travailler dans l'industrie. Les entreprises sont majoritairement masculines, comme le confirme une enquête de l'Insee. Les femmes représentent 47,7% de la population active, mais elles ne sont que 20% chez Veolia ou Saint-Gobain, près de 35% chez STMicroelectonics ou France Télécom et 10% chez Vallourec. Pourtant, chez L'Oréal et LVMH, elles sont 63% et 74%.
Les premiers Trophées des Femmes de l'Industrie, organisés par L'Usine Nouvelle, mettent en lumière les réalisations de cette minorité de l'ombre, qui oeuvre au quotidien dans ce secteur clé de l'économie. Celles que nous avons distinguées sont présentes à toutes les fonctions stratégiques de l'entreprise : elles pilotent de grands projets ou la production, cherchent et innovent, dirigent, trouvent les financements.
Parler d'elles, c'est adresser un message aux femmes et aux organisations. Car le taux de féminisation de l'encadrement reste inégal. Certes le vivier étant faible, la mise en oeuvre de la féminisation n'est pas simple. Mais il n'y a pas de fatalité. À l'exemple de Danone qui prouve qu'avec 27% de femmes, on peut parvenir à 44% de cadres.
Pour remédier à ces disparités, le législateur a choisi d'imposer la présence de femmes dans les conseils d'administration. La loi Copé-Zimmerman oblige les entreprises cotées de plus de 500 salariés à respecter un quota de 20% en 2014. Ce n'est pas si simple. Il faut les trouver et les préparer à ces responsabilités, en leur faisant gravir les échelons. Certains groupes vont devoir mettre les bouchées doubles pour atteindre cet objectif.
AMBITION ET CONFIANCE
Le conseil d'administration d'EADS et son conseil exécutif, renouvelé la semaine dernière, sont toujours 100% masculins. Airbus est sur la même ligne. Chez PSA aussi, seuls des hommes composent le directoire et la direction générale.
Les coupables ? Les formations et la part toujours faible des femmes dans les grandes écoles d'ingénieurs. "Les industriels sont tributaires des profils que leur fournissent les filières de formation", explique Michel Ferrary, professeur de management de la Skema Business School, de Nice. Mais aussi les femmes et leurs entreprises.
"Les premières doivent s'autoriser à avoir de l'ambition et les secondes doivent leur faire confiance", explique Anne Thevenet-Abitbol, la directrice de la prospective chez Danone. Pour y parvenir, elle réunit chaque année pendant trois jours à Évian plus de 500 cadres d'entreprises au sein de l'association Eve fondée par Danone, Crédit agricole, L'Oréal, SNCF, Orange et KPMG. Là, le quota d'hommes est de 30%.