Maj mars 2012
Le 25/08/2010, le Figaro publiait un article sombre par lequel était présagée la survenance « imminente » d’un nouveau krach. On évoquait même la configuration rare d’un « présage d’Hindenburg ».
Le mot « krach » qui peut aussi s’écrire Krak ou Krax, n’a rien à voir avec Krak quand on ajoute « de l’Hôpital », « des Chevaliers ». Dans ce dernier cas, il s’agit d’une déformation du mot syriaque « Karak » qui signifie « château », « forteresse ». Dans le contexte d’un abécédaire sur la Banque, la Finance et la Bourse, « Krach » est un mot d’origine allemande, qui signifie bruit, boucan et par extension tout ce qui peut être à l’origine du bruit et du boucan. Il est apparu en Allemagne, lors de la Crise financière de 1873 qui vit l’effondrement des marchés boursiers de Berlin et de Vienne. 

Krachs et bulles
Le plus souvent associé à la Bourse, Krach l’est aussi à l’immobilier, aux matières premières ou à l’économie monétaire. On a même eu des Krachs sur le marché de l’art, (contemporain en général). Dans tous les cas de figure, un Krach caractérise l’effondrement de prix ou de cours sur les marchés, les acheteurs se dérobant alors que  les vendeurs au contraire se précipitent pour vendre. Le mot peut aussi être associé à une entreprise: en 1882, le Krach de l’Union Générale frappa les esprits durablement, en envoyant au tapis cette grande banque installée à Lyon et en ruinant de très nombreux courtiers, agents de change et épargnants avant de se déplacer sur la Bourse de Paris et d’enclencher un cycle récessionniste.

Les mots « krach » et « bulle » vont de conserve, l’un suivant l’autre ! En général, il y a Krach après qu’une bulle s’est formée! Le Krach de 1929 suit une période d’euphorie boursière. Il est de même pour celui de 1987 à New York, le Dow Jones perdit 22,6%  le 19 octobre, en une journée de Bourse, une hausse brutale des taux d’intérêts interrompant brutalement le cycle de hausse des valeurs. Mais c’est la bourse Islandaise qui battra tous les records historiques de baisse en 2008 !
Le krach internet suivit la bulle du même nom en 2000. Le Krach de l’immobilier américain en 2007 suivait une période de montée des prix qui paraissait ne pas devoir s’interrompre. On le sait maintenant, il s’est poursuivi sous la forme du Krach des bourses et des banques en 2008, lesquelles, fondées à croire que le prix des actifs, dont l’immobilier ne pouvait qu’aller jusqu’au ciel, avaient suivi son élan.

Krach et craquements
Les Krachs sont-ils précédés de secousses préliminaires comme les tremblements de terre ? Étant ainsi prévenu, pourrait-on les éviter ? Au préalable, on notera, que les secousses préliminaires d’un tremblement de terre n’ont jamais permis d’en contrecarrer le cours !
La question n’est pas bien posée. D’abord parce qu’il n’y a pas de sismographe ou d’équivalent dans l’univers des marchés financiers et de l’économie. Ce qui devrait en tenir lieu, les agences de notation, ont montré que, comme toutes les montres arrêtées, elles ne pouvaient donner l’heure exacte que deux fois par jour. Ensuite, parce qu’un Krach n’est pas autre chose que le bruit que fait la bulle qui explose !!!! Une bulle de l’immobilier qui explose ce n’est pas une bulle de savon qui claque. C’est fondamentalement un processus de défiance qui se met en place, d’autant plus violent que la confiance était très forte. En ce sens, l’histoire n’enseigne rien et les prix ne disent rien de ce que la théorie économique néolibérale voudrait faire croire.

Le processus que suit un Krach est dans l’ordre du comportement des agents économiques l’exact pendant du processus qu’a suivi la formation de la Bulle. Les prix on fonctionné au mépris des règles théoriques posées par les classiques et les néo-classiques selon lesquels un prix qui monte c’est de la demande qui est sortie du circuit, un prix qui baisse c’est l’inverse. Il y a des exceptions, les élasticités ou inélasticités, mais dans tous les cas, anomalies et exceptions se conçoivent par rapport au grand classique de la formation des prix qu’on vient d’énoncer. Sur les marchés où les bulles et les krachs sévissent, c’est tout l’inverse. C’est d’ailleurs parce que c’est tout l’inverse que krachs et bulles peuvent prospérer (bulles) ou désespérer (Krach).

Un Krach qui éclate n’est pas associé à cette exclamation « chic, les prix baissent, on va pouvoir acheter à bon compte ! » .C’est, au contraire un cri d’épouvante : « horreur les prix baissent et je n’ai pas encore vendu ! ». Les phénomènes de mimétisme et de queue leu leu jouent à fond. La cloche de Wall Street fait penser à celles de la baie des trépassés en Bretagne.
Donc, comment envisager la survenance d’un krach ? Celui-ci est-il prévisible ? Oui, bien sûr, si on accepte qu’une bulle qui se forme c’est un krach qui s’annonce !!! L’un est la suite de l’autre. Cela signifie concrètement qu’à partir d’un certain niveau de hausse sur un marché, les risques de baisse deviennent de plus en plus crédibles.

De bulles en Krach
On dira que c’est trop facile de tenir ce genre de propos, confortablement installé pour rédiger la maj de Krach. On demandera des faits, des noms. On aura raison. Alors, voici une ou deux annonce de Krach sachant qu’il y a eu bulle : l’immobilier à Paris. L’Economist titrait : «  LA FRANCE, CHAMPIONNE D’EUROPE DE LA BULLE IMMOBILIÈRE » Depuis milieu 2011, on annonce le krach. Et la bulle ne cesse de prospérer. Plus, elle prospère, plus on devrait conclure à l’imminence de son inverse. Les matières premières connaissent-elles une bulle ? Le litre d’essence à deux euros, à Paris, titrait un grand journal ? Donc, on peut s’attendre à un krach sur les cours du pétrole? Ce n’est pas impossible compte tenu des capacités disponibles sur le marché à court terme.

Ce n’est pas parce qu’un marché monte qu’il va baisser et ce n’est pas parce qu’il baisse qu’il va monter (sauf dans les ordinateurs et chez les chartistes). En revanche, les montées excessives seront suivies par des descentes excessives. La difficulté dans la prévision est liée au fait que le facteur temps est capricieux… il n’est pas dit que le marché baissera demain, dans un an, deux ou dix…Ce n’est pas rassurant pour celui qui veut gagner de l’argent en surfant de kraks en bulles et inversement.
On en revient toujours à cette remarque : « le meilleur moment pour acheter c’était hier ».