Vous le savez, à « L’Usine Nouvelle », nous sommes résolument optimistes. Notre ADN est fait d’innovation et de success story. Notre fonds de commerce, ce sont les industriels qui s’en sortent et qui exportent, les usines qui investissent, qui s’agrandissent ou qui s’éveillent… Souvent, face aux déclinistes, nous montons au créneau pour montrer la France qui gagne en présentant dans nos rubriques « Inventé près de chez vous » des champions cachés du made in France, « La pépite », des jeunes pousses prometteuses, ou « Green Tech », des produits innovants.
Mais cette semaine, nous avons décidé de répercuter le cri d’alarme des entrepreneurs, de ces entreprises pleines d’avenir qui craignent justement pour leur avenir. Ce cri, c’est Laurence Parisot qui le pousse en leur nom. Dans l’entretien exclusif que nous a accordé la présidente du Medef, le constat qu’elle dresse est sombre, et ses mots sont extrêmement durs. Mais ils sonnent juste. Pour vous en convaincre, lisez simplement l’enquête que « L’Usine Nouvelle » a menée, comme chaque année, auprès de 13 secteurs clés de la sous-traitance industrielle, à l’occasion du Midest. Elle confirme le funeste présage : les nuages s’accumulent à l’horizon et ils sont noirs. Tous les secteurs ont subi un ralentissement brutal depuis le mois de septembre et s’attendent à vivre une année 2013 catastrophique. Et cela malgré leurs efforts pour sortir de la dépendance à l’automobile, malgré la bonne santé de l’aéronautique ou de l’énergie, malgré leur capacité à améliorer en continu leur productivité, malgré leur volonté de se projeter sur de nouveaux marchés hors de France.
D’une certaine manière, nous sommes en train de revivre les années noires de 2008 et 2009. Sauf que, cette fois-ci, les causes de nos difficultés ne viennent pas des États-Unis. Ce qui nous bloque, ce sont les handicaps chroniques de notre économie, qui lestent la capacité de mouvement de nos entreprises. Le diagnostic a été fait de longue date :rigidité du marché du travail, fiscalité trop contraignante, poids de l’État, lourdeur des charges sociales. Il convient maintenant de les traiter sans attendre. En acceptant bien sûr d’appliquer le traitement que proposera le spécialiste que nous avons appelé à la rescousse : Louis Gallois. Il est urgent d’agir. Sinon ? Si rien n’a bougé de manière massive avant le début de l’année 2013, si aucun big bang de compétitivité, comme le souhaite la présidente du Medef, n’est mis en oeuvre, on peut s’attendre au pire. La récession ne s’est pas encore installée dans notre pays mais elle frappe à la porte.