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C'est la fin du suspense. Louis Gallois remet ce lundi matin au Premier ministre ses préconisations pour renforcer la compétitivité de la France. Particulièrement attendu, ce rapport a été commandé en juillet au commissaire général à l'investissement. Le gouvernement s'en inspirera largement pour annoncer, dès mardi, une série de mesures visant à améliorer la compétitivité des entreprises françaises, qui ont sérieusement décroché face à la concurrence internationale ces dernières années.
La préconisation la plus importante du rapport concerne le coût du travail. A moins d'un changement de dernière minute, l'ancien patron d'EADS devrait recommander une baisse des cotisations sociales de l'ordre de 30 milliards d'euros, dont un tiers pour les charges salariales et deux tiers pour les charges patronales. Cette mesure concernerait une très grande majorité des emplois, puisqu'elle toucherait tous les niveaux de salaires jusqu'à 3,5 fois le SMIC, soit près de 5.000 euros par mois. Louis Gallois vise en particulier l'industrie, le secteur le plus exposé à la concurrence, qui profite peu des allégements de charges actuels, centrés sur les bas salaires.
Cette mesure phare sur le coût du travail est de loin la plus lourde de conséquences, mais le rapport Gallois en préconise une vingtaine d'autres, qui visent une amélioration de la compétitivité « hors coûts ». Le rapport devrait ainsi recommander le renforcement des filières industrielles, à l'image du secteur aéronautique, que Louis Gallois connaît bien. Parmi les propositions, devrait aussi figurer un soutien plus efficace à l'exportation.
Que retiendra l'exécutif du rapport Gallois ? Dès mardi matin, le gouvernement se réunira en séminaire et annoncera des décisions dans la foulée. Après avoir publiquement pris ses distances vis-à-vis du rapport ces derniers jours, l'exécutif pourrait surprendre en annonçant qu'il en reprend une grande partie à son compte.« Nous allons proposer aux Français un pacte de compétitivité », expliquait mercredi le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici.
Le gouvernement va probablement approuver la quasi-intégralité des mesures qui ne concernent pas le coût du travail. Ce n'est pas très compliqué politiquement. La plupart d'entre elles sont consensuelles, et elles ne représentent pas un coût significatif pour les finances publiques, en tout cas à court terme. La mesure qui concerne le coût du travail est, au contraire, extrêmement sensible, et son impact budgétaire est lourd. Les allégements de cotisations proposés par Louis Gallois représentent pas moins de 1,5 % du PIB. Ce manque à gagner pour la Sécurité sociale devra être compensé par d'autres prélèvements. CSG, TVA, fiscalité environnementale... aucune de ces pistes n'est facile à suivre, surtout en période de crise.
A plusieurs reprises, le gouvernement a assuré qu'il ne voulait pas peser sur le pouvoir d'achat. C'est pourquoi l'allégement des cotisations, pour un montant qui reste à déterminer, devrait se faire sur plusieurs années. L'exécutif pourrait se contenter d'annoncer les grandes lignes de son projet pour réduire le coût du travail, et renvoyer à la concertation avant la mise au point de mesures précises. Le Haut Conseil du financement de la protection sociale, qui réunit les partenaires sociaux, doit examiner différents scénarios de réformes d'ici à la fin du mois de janvier.