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Quand les modèles traditionnels vacillent
Durant plusieurs décennies, les entreprises occidentales ont vécu des transformations majeures de leur environnement : chute des blocs, dérèglement financier, création de marchés communs, avènement de l’économie libérale. Ces changements ont créé en quelques années d’énormes opportunités et une compétition féroce. Excellence opérationnelle et innovation sont devenues les maîtres mots des stratèges.
En tant que managers, nous avons contraint nos outils de production à être plus performants, plus souples, plus agiles tout en réduisant les coûts. Ce fut l’ère des matrices économiques régies par deux dimensions : l’attrait du marché et la position concurrentielle.
Nos entreprises ont développé des comportements dissonants : un top management psychotique, un management intermédiaire déboussolé et des collaborateurs désengagés. Simple effet de la crise, ou symptôme plus profond d’un décalage entre l’entreprise et les hommes ?
Vers un nouveau paradigme : à l’entreprise de s’adapter aux hommes
Nous devons retisser les lignes de vie de l’entreprise en renforçant l’ancrage du top management dans la réalité terrain, en redonnant des moyens d’action au management intermédiaire, en renforçant le sentiment de confiance des collaborateurs.
Pour cela, il faut redessiner le quotidien des collaborateurs pour recréer l’équilibre tacite, investissement personnel – bénéfice, rompu par les schémas traditionnels. Le quotidien en entreprise ne doit pas être la multiplication d’activités pour répondre à des besoins d’une fonction d’entreprise, mais une séquence d’actions cohérente garantissant à l’entreprise et au collaborateur, compétitivité et pérennité.
L’entreprise doit permettre à chacun de comprendre (apprendre), de partager (communiquer et être solidaire), de s’approprier le message (participer) et de mettre en pratique (agir). Les nouvelles technologies permettent de recréer cet engagement réciproque, ce New Deal technologique doit être au cœur des stratégies de transformation des entreprises.
La nouvelle donne technologique, prise de risque incontournable pour réconcilier l’entreprise et ses collaborateurs
Cependant, la structure organisationnelle historique des grands groupes est un frein pour prendre en compte les multiples facettes de cette problématique. Les projets de transformation sont trop souvent traités sous un axe technique et priorisés en fonction du poids d’une Direction (SI, Opération, RH, Marketing...) ou de l’obsolescence d’un système (SI métier, poste de travail, Intranet…).
Enfin, les méthodes de management modernes et la reconnaissance de la performance individuelle renforcent un mode de déploiement de projets court-termiste, au service d’une fonction d’entreprise et trop souvent décorellé du projet d’entreprise.
Les grands acteurs du Conseil & Service en technologie ont la capacité à réconcilier ce paradigme : déployer des projets en phase avec une stratégie d’entreprise correspondante à son rythme, sa culture et cohérents avec les évaluations de la performance individuelle et collective. Les technologies sont matures et les méthodes de déploiement éprouvées.
Ainsi, la mise en place de ce New Deal technologique relève de la responsabilité et de la culture digitale des dirigeants des grandes entreprises et des grandes administrations. La première étape passe par le repositionnement des directeurs digitaux au sein de l’entreprise, qui jusqu’alors orientés vers le marché et les clients (E-commerce, E-CRM, etc.) doivent désormais renforcer leurs positions et savoir-faire pour servir les enjeux internes de l’entreprise. C’est à ce prix-là que les nouvelles technologies démontreront pleinement leurs bénéfices en entreprise.
Matthieu Debré
Principal Digital Transformation
Infosys France