[Express Yourself] L'encouragement est le verre d'eau au milieu de l'épreuve. Par paresse ou par inconscience, il est le grand oublié du monde du travail.
Encourager c'est donner du courage à celui qui en a besoin pour qu'il continue d'avancer. C'est donner de l'énergie à celui qui est au coeur de l'épreuve. C'est être sur la ligne de départ pour soutenir celui qui va faire le pas, s'engager dans la course. C'est réveiller l'énergie de celui qui ne croit plus pouvoir y arriver. Exiger de l'autre la performance ou se l'exiger à soi-même consomme de l'énergie, de la volonté, de la ténacité et du courage. L'encouragement renouvelle ce dernier combustible indispensable à la performance.
Encourager n'est pas un réflexe acquis pour tout le monde, spécialement pour la personne qui attend que vous soyez arrivé pour évaluer vos résultats. Cela est bien dommage car grâce à l'encouragement opportun, celui qui est à l'épreuve retrouve son envie d'y arriver et de donner le meilleur de lui-même. La personne qui regarde en premier lieu ce qu'il reste à faire, le chemin qui reste à parcourir, l'écart entre ce qui est fait et ce qui doit être fait, a plus tendance à juger et à montrer du doigt ce qui ne va pas. A l'inverse, celle qui encourage observe en premier lieu l'état de la personne qui est à l'épreuve pour mieux identifier ses véritables peurs et combler ses manques.
Il y a aussi les faux encouragements: l'expression "je te souhaite bien du courage" avertit la personne faussement encouragée qu'elle va vivre un mauvais quart d'heure. Elle fait peur avant même d'avoir vu l'obstacle. Elle conditionne la personne en la mettant dans une posture défensive qui va influer sur la manière dont l'autre va interagir avec elle.
Quant aux expressions "vas-y, je suis sûr que tu vas y arriver!" ou "tu as tout pour réussir", elle sont trop gentilles pour être efficace. Elles ne sont pas assez puissantes pour regonfler la personne en énergie, car elles ne la touchent pas dans son besoin réel. Si la personne n'arrive pas à atteindre son objectif, ces expressions vont même accroitre sa déception, et la rendre coupable de la déception de l'autre.
Le véritable encouragement, est un encouragement intelligent et objectif qui part de ce qui est observable et permet ainsi à la personne de donner le meilleur de ses capacités. Il est utile et nécessaire dès le début de l'épreuve, dès les premières réalisations et doit continuer jusqu'à son terme, car jusqu'au bout le découragement est possible. Il permet à la personne de se dépasser, d'aller au-delà de ce qu'elle pense pouvoir faire. Par cet encouragement donné et reçu (car il rejoint l'autre dans son véritable besoin), la personne à l'épreuve se met en position de dépasser ses concurrents.
Le véritable encouragement s'appuie donc sur l'observation des capacités réelles de la personne et non sur ce que l'on voudrait que l'autre soi. Il permet à la personne de juger par elle-même de ses propres capacités et de les développer de manière progressive, jusqu'à l'excellence.
Encourager n'est pas naturel pour tout le monde, spécialement pour celui qui a été éduqué à la vertu et à l'effort. L'accent a été mis en premier sur les résultats et sur les points à améliorer : c'est le " peut mieux faire ! " du bulletin scolaire. A l'inverse, l'éducation encourageante regarde en premier le chemin parcouru et la progression déjà effectuée. Elle encourage en félicitant.
L'encouragement dans le travail n'est pas non plus monnaie courante. De quand date le dernier encouragement que vous avez reçu de votre manager? De quand date le dernier que vous avez donné à votre collaborateur? Celui qui encourage lève les yeux de ses tableaux de bord pour aller sur le terrain voir ce qui est réalisé et comprendre les difficultés rencontrées. Rappeler l'objectif n'est pas suffisant. C'est même un réflexe qui décourage s'il n'est pas accompagné par la compréhension objective de ce qui est déjà fait et par la prise en compte des efforts fournis pour cette réalisation.
Car s'il est vrai que l'objectif est ce qui doit être atteint, il n'est que le résultat du processus qui est mis en oeuvre pour l'atteindre. Mettre la pression sur les objectifs n'est donc pas suffisant et est même contre-productif s'il n'est pas accompagné d'une observation très concrète des outils, de ce qui est fait et de la personne engagée dans ce processus.
L'encouragement est ce qui désaltère le sportif entre deux épreuves. C'est un acte gratuit et indispensable qui permet à la personne de reprendre contact avec la réalité, de capitaliser l'expérience pour franchir la prochaine marche. Sans encouragement, la personne à l'épreuve se dessèche jusqu'à l'épuisement. Elle va jusqu'au bout des ses forces, mais avec plus d'effort et moins d'effet. Sa performance est le fruit d'un travail laborieux et difficile dont elle profite peu. L'encouragement facilite et permet la performance en la mettant plus en adéquation avec les capacités réelles de la personne. Il augmente la performance, alors que son absence décourage.
Par Philippe Laurent, conférencier, coach et formateur
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