On parle beaucoup de sujets tels que la transformation des organisations, l’évolution vers de nouveaux modèles d’entreprises dites « 2.0″, de social business, etc. Néanmoins, ces sujets vont de pair avec les questions de l’adoption des nouveaux modes de travail et nouveaux outils  et  de l’importance du rôle des ressources humaines qui cherchent encore trèssouvent leur place dans de tels dispositifs.

Il y a quelques temps j’évoquais avec un ami la question de l’accompagnement de tels programmes. Son réflexe fut immédiat : « il faut prévoir et mettre en place des formations« , je lui ai rétorqué  »Des formations à quoi ?« , sa réponse fût la suivante « Aux usages et aux outils pour rassurer les gens« . C’est effectivement une des données du problème mais celle-ci ne doit pas occulter une autre dimension essentielle qui est  la « numérisation » de nos échanges . En effet, souvent laissée à l’abandon depuis plus de dix ans car elle n’est pas propre à l’arrivée des « technologies sociales », cette « numérisation » reste importante et à prendre en compte pour l’accompagnement des évolutions numériques actuelles.

Toutes ces technologies, si elles changent la manière dont on peut travailler, changent surtout et avant tout notre rapport aux autres. Nouvelles postures, nouveau ton, nouvelle manière d’être dans un monde virtuel où on est à la fois en présence de personne et entouré de tous. Finalement, on rentre dans un monde où le non verbal a quasiment disparu, lui qui représente une si grande partie d’une communication interpersonnelle efficace. Ce qui, au passage, nous amène à considérer d’un autre œil l’abus de smiley (   ) dont nous sommes tous un peu coupables : manière immature, inappropriée de communiquer ou recherche de repères, voire d’appel au secours ?

On le voit bien quand on côtoie des utilisateurs qui font leurs premiers pas sur des réseaux sociaux, ce n’est pas tant l’utilisation de l’outil qui pose problème mais davantage la question de la posture à adopter. La vraie question pour un leader, pour un manager, est souvent de savoir comment retranscrire, reproduire en ligne les attitudes et comportements qu’ils ont développé et amélioré dans la vie « physique ». Comment exprimer leur charisme, comment faire passer un message, faire ressentir une nuance, jongler entre autorité et facilitation… Toutes ces techniques, postures que nous avons appris à dompter dans notre vie « réelle » sont à réinventer, à réapprendre dans la vie « virtuelle » qui prend de plus en plus d’ampleur dans nos organisations.

Comme je le disais plus haut, cette « numérisation » des échanges, n’a rien de nouveau, elle a commencé il y a bien longtemps avec l’email. Nous savons tous comment un email « mal » écrit, un ton, une tournure de phrase mal maitrisée ou une erreur de style peut avoir un effet destructeur sur la relation entre deux personnes. L’arrivée des technologies sociales ne fait que mettre en avant cette problématique et nous nous fait réaliser que le « savoir être » devient une question centrale. Effectivement, si on continue à accompagner les collaborateurs sur la dimension « physique » de leur vie professionnelle, le chantier de leur vie digitale a tendance à être mis de côté voire occulté.

Finalement, le besoin de formation souvent évoqué pour accompagner les usages de Twitter, Facebook et autres réseaux sociaux semble plus relever du domaine du coaching. Il faut apprendre à incarner ce qu’on est d’une manière nouvelle.

Tout cela nous emmène à la réflexion suivante : Le leadership numérique doit-il devenir un chantier prioritaire des RH pour développer l’efficacité des collaborateurs ?