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L’innovation, le numérique et même l’environnement… On ne peut pas dire que ces sujets transversaux aient défrayé la chronique durant les débats de la présidentielle. Pourtant, la troisième révolution industrielle est là. Celle qui va recréer des emplois, inventer des services, changer nos modes de vie et de consommation. Mais est-ce à l’État, au gouvernement de s’en préoccuper ? Devait-on voir fleurir les propositions dans les programmes des candidats ? Oui, mais là aussi il fallait… innover.
Certes, le rôle du locataire de l’Élysée et de son acolyte de Matignon, est de fixer, avec l’accord du parlement, le cadre favorable. Certes, le levier fiscal (CIR, statut JEI…), arme fatale de l’État, joue son rôle en termes d’attractivité du territoire ou d’anti-délocalisation… C’est selon. Certes, le volume et le mode de financement de la recherche, sur programmes ou sur projets, peut changer la donne. Les chercheurs consacreront plus ou moins de temps à la recherche de connaissances ou de partenaires et d’argent. Certes, l’État peut tenter d’organiser le transfert de technologie du public vers le privé (SATT), financer un fonds brevets pour booster la valorisation des résultats de recherche. Quitte à se chamailler sur le bonne écheleon : régional ou national. Il peut même financer la recherche privée (Oséo, grand emprunt), directement ou en prenant des parts de structures public-privé (Cloud souverain, IRT…), dans l’espoir que certaines (les meilleures ?) deviendront autonomes.
Mais le vrai levier n’est pas là. L’innovation est surtout affaire… de culture. C’est ce que le rapport "L’innovation à l’épreuve des peurs et des risques" des députés Claude Birraux et Jean-Yves Le Déaut, tente d’expliquer au long de ses plus de 220 pages. Mais qui trop embrasse mal étreint. Et les auteurs se perdent un peu tant ils ont multiplié les rencontres, établi de comparatifs internationaux. Ils ont voulu tout mettre. Mais on retiendra quand mêmequelques points clé dans leur recommandation, que les deux candidats restant en lice feraient bien de lire.
D’abord, l’innovation doit être au cœur de la rénovation de l’enseignement primaire et secondaire… et pas uniquement des universités ou des grandes écoles. C’est avant que cela se joue. "Il faut ajouter "raisonner" au triptyque "lire, écrire, compter"," avancent les deux députés… (NDR. Malgré tout le danger de former des citoyens libres, que cela représente) Selon eux, il faut aussi donner aux élèves le goût de la science et stimuler leur spontanéité ainsi que leur créativité. Donner les moyens financiers adéquats aux associations telles que La Main à la Pâte et IFFO-RME pour qu’elles puissent intervenir dans un nombre beaucoup plus important d’établissements scolaires.
Le rapport préconise surtout de "changer impérativement notre attitude vis-à-vis de l’échec.Celui-ci doit être approché différemment dès l’école : il faut promouvoir une vision de l’échec comme source de leçon et d’expérience pour l’avenir, et non comme une fatalité. Une vision rénovée de l’échec est fondamentale pour un processus d’innovation plus dynamique."
IL faudrait donc "former les enseignants en mettant en place des actions de sensibilisation aux méthodes expérimentales et aux innovations pédagogiques destinées aux professeurs des écoles primaires et des collèges. La deuxième année de Master des enseignants doit être notamment une année d’apprentissage des outils pédagogiques."
Le rapport prône aussi d’accompagner mieux la réforme des universités, sans la remettre en cause. Surtout, il met l’accent sur la nécessaire, voire indispensable, interdisciplinarité "en professionnalisant le doctorant".
Certes, réformer l’éducation nationale française, est ambitieux. Et ce n’est pas qu’une question d’effectif. Mais de moyens. C’est cette réforme, qui pourra redonner fierté, espoir et envie aux Français. Si nos enfants reviennent de l’école avec des projets, les parents auront de nouveau envie d’en avoir eux aussi. L’inverse ne fonctionne plus. S’ils n’ont plus peur de l’échec, alors ils n’auront plus peur d’entreprendre. Et arrivéx en entreprises, ils n’auront plus peur de travailler avec des entrepreneurs innovants.
Un autre levier à faire jouer, est presque aussi complexe, mais indispensable : la commande publique. Les deux députés, relance l’idée de "mettre en place un véritable Small Business Act au niveau européen en réservant une part des marchés publics aux PME et attribuer ces marchés au mieux-disant innovant." Et la, c’est un bras de fer que le nouveau président devra mener. L’un d’entre eux parle de renégocier un traité pour y incorporer de la croissance. C’est sûrement un des moyens d’y arriver.
Les autres préconisations du rapport (échelon plus régional pour l’aide à ‘innovation, utiliser les relais grand public pour parler d’innovation, tisser des partenariats internationaux…) sont intéressants, mais ne changeront pas la donne.
Pour que plus jamais un enfant français ne réponde "Etre chinois, parce que l’on n’est pas assez intelligent" à la question "Qu’est ce qu’il faut pour construire un robot ?" (merci monsieur Bruno Bonnell), c’est à l’école qu’il faut apprendre à innover, à rêver, à sortir du cadre. Et cela, cela aurait pu être une promesse de campagne pour tous les candidats. Non ?