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L'éducation nationale doit « participer » au redressement productif de la France, a indiqué ce jeudi matin le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, en visite au Centre des arts et métiers de Lille. A ses côtés, son homologue au Redressement productif, Arnaud Montebourg, a évoqué « le pari de (s)on ministère (qui) est d'amener la jeunesse à reprendre le chemin des entreprises industrielles ». Pour rapprocher école et entreprises, Vincent Peillon envisage plusieurs voies. Tour d'horizon.
Vincent Peillon a promis la création, en 2013, d'un conseil « pour que les chefs d'entreprise soient représentés à l'éducation nationale ». « Ce conseil permettra de mieux ajuster les formations aux entreprises, confie le ministre. Il sera un endroit où on délibérera ensemble pour définir au mieux nos formations, où l'on décidera comment changer un diplôme, comment le faire évoluer et donc c'est un lieu pour réfléchir ensemble aux évolutions des métiers, de nos formations et pour écouter les besoins des entreprises ».
Dans l'esprit du pacte de compétitivité du gouvernement, Vincent Peillon a plaidé pour la revalorisation de filières d'enseignement technologique et professionnel mal aimées. « Nous devons accorder à l'enseignement professionnel, du CAP à l'ingénieur, une priorité, a-t-il affirmé. Nous ne sommes pas capables de recruter les ingénieurs et les techniciens dont nous avons besoin. »
Un constat que partage aussi le directeur général du Centre des arts et métiers Paris Tech de Lille, Laurent Carraro : « Nous n'avons pas su, en France, créer une dynamique autour d'une filière technologique. Contrairement à d'autres pays. Or, tous les pays qui ont fait ce choix ont une industrie dynamique. » L'école d'ingénieurs qu'il dirige et qui fait encore figure d'exception a mis en oeuvre des plateformes technologiques qui sont de véritables lieux de passage où se rencontrent étudiants, chercheurs et partenaires industriels. Et qui, dans certains cas, assurent de facto la recherche-développement de certaines entreprises en leur permettant ainsi de réduire leurs coûts de production.
Pour convaincre les plus réticents de revoir leurs préjugés sur une filière technologique mal aimée, Vincent Peillon a cité Jules Ferry qui, a-t-il dit, en 1883 déjà, déclarait nécessaire de « mettre le paquet » sur l'éducation professionnelle. « Rapprocher éducation et entreprise était déjà un combat au XIXè siècle, a indiqué le ministre. L'éducation professionnelle s'inscrit donc bien dans la tradition de l'éducation nationale. »
Pour rendre les filières technologiques plus attractives, l'éducation nationale entend les valoriser par un parcours d'information et d'orientation à partir de la sixième et par la réforme du service public de l'orientation. Il n'est pas possible que les orientations vers les voies technologiques et professionnelles soient « négatives »,explique-t-on au ministère. Le service public de l'orientation « sera donc réformé et confié en grande partie aux régions », assure Vincent Peillon qui promet néanmoins que le corps des actuels psychologues orienteurs sera « préservé ».
« Ces psychologues sont aujourd'hui peu au fait de la réalité des entreprises,explicite-t-on dans l'entourage du ministre. Il faut donc faire appel aussi à des conseillers métiers qui ouvriront les jeunes à la réalité du monde extérieur. Aujourd'hui, un conseiller d'orientation psychologue essaie davantage de comprendre ce qu'il y a dans la tête d'un jeune plutôt que de lui montrer ce qui existe. Il faut mixer les approches, voire envisager que certains conseillers d'orientation psychologues deviennent des conseillers métiers et s'ouvrent aux métiers de l'entreprise. »
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