
1. Pourquoi l’Europe est-elle aussi endettée ?
En partie par la faute de ceux-là mêmes qui le lui font payer aujourd’hui durement : les marchés financiers. C’est en effet pour pallier les effets de la crise des subprimes – provoquée par les folles dérives des établissements financiers – que les Etats européens ont lourdement creusé leurs déficits ces dernières années. Personne ne le conteste, injecter des centaines de milliards d’euros d’argent public dans le circuit économique était le seul moyen d’éviter que le continent entier ne sombre dans une grande -dépression. Ces plans de relance massifs, alors que les recettes fiscales avaient tendance à diminuer du fait de la récession, ont d’ailleurs été efficaces. Dès 2010, la plupart des pays européens renouaient avec la croissance, et leurs systèmes bancaires s’en sont tirés sans trop de dommages. Mais l’endettement des Etats a franchi un nouveau cap. Et les plans d’austérité qui ont suivi ont achevé le travail en cassant la croissance, provoquant de ce fait une hausse des déficits publics et donc de la dette. Entre 2007 et 2012, celle de la France a ainsi bondi de 60 à 90% du PIB, et celle de l’Italie, de 104 à 120%. Mais ne nous voilons pas la face. Si la plupart des Etats européens croulent aujourd’hui sous les dettes, c’est aussi qu’ils ont laissé filer leurs dépenses pendant des décennies pour conserver leurs systèmes -sociaux généreux et leurs administrations pléthoriques. On leur en passe aujour-d’hui l’addition.
2. Pourquoi les pays du Sud ont-ils été subitement pris à la gorge ?
Ce n’est pas leur dette proprement dite qui leur a posé problème – tous, y compris la Grèce, étaient assez solides pour l’honorer dans des conditions normales – mais l’explosion des taux d’intérêt (jusqu’à 26% pour la Grèce !) exigés à partir de 2010 par les marchés pour leur avancer de l’argent. Pour l’Italie, par exemple, un seul petit point de hausse représente une facture annuelle de 10 milliards. Les pays concernés sont donc prisonniers d’une absurde spirale infernale : l’envolée des taux accroît leurs difficultés, ce qui affole encore plus les prêteurs et provoque de nouvelles hausses de taux. C’est exactement ce qui se passe en ce moment pour l’Espagne et l’Italie. En somme, il suffirait que la confiance revienne sur les marchés pour régler le problème, en partie du moins. On n’en prend malheureusement pas le chemin.
3. La Grèce et l’Espagne méritent-elles leur sort ?
A priori, ces deux pays sont tout aussi fautifs l’un que l’autre : tous les deux ont abusé de la forte baisse des taux d’intérêt consécutive à leur entrée dans la zone euro, en empruntant sans frein. Mais la comparaison s’arrête là. En Espagne, le boom du crédit a certes alimenté une bulle immobilière – c’est précisément son éclatement qui est à l’origine de ses problèmes bancaires actuels – mais le pays a profité de sa forte croissance pour assainir ses comptes publics. En dépit de son emballement récent, sa dette reste d’ailleurs aujourd’hui nettement inférieure à celle de la France (72% contre 90% du PIB). La Grèce est autrement coupable. Non seulement elle a falsifié ses comptes pour intégrer le club de l’euro en 2001, mais elle a laissé filer ses dépenses publiques. «Ce pays n’aurait jamais dû intégrer la zone euro», résume l’économiste Patrick Artus, de Natixis. Reste que les investisseurs européens ont aussi leur part de responsabilité dans cette dérive : s’ils n’avaient pas accepté de prêter pendant des années à des taux très faibles au pays des olives, Athènes n’en serait certainement pas là.
7 COMMENTAIRESAjoutez le vôtre !