Visiteurs  depuis Avril 2012                                   PARIS-Tech
                                                                                                                               200000  Ingénieurs  et Managers formés                                                                         

                                   Détroit du Bosphore entre Europe et Asie                                                     JOli156                       
  JOli156    
    
ø?¶Ç 2010 Copyright  W24N1 B4                                                                                               G.TISON INGENIEUR ARTS et METIERS PARISTech 
                                                                                                                               Membre du CLUB STRATEGIE

  REVUE de PRESSE  du site E-TRAV-E  http://www.entreprise-travail-emploi.com
                                                 
                                       
 
Formez-vous avant de vous lancer sur le web !Cliquez 
                                              http://www.processus-web-marketing.com/?a=joli156

 

La seconde chance du Made in France

19/9/2012

 
ÉCONOMIE

http://www.liberation.fr/

16 septembre 2012 à 22:16
(Photo Christophe Maout pour Libération)

ENQUÊTE Alors que de grands groupes délocalisent à tout va, des industriels font le pari de l’Hexagone. Un choix stratégique plus que patriotique.

Par LÉA LEJEUNE

Frangy-en-Bresse, dans la torpeur de l’été, quelques centaines de militants PS fêtent la rose. A la tribune, le ministre au verbe haut règne en son fief ouvrier. C’est qu’Arnaud Montebourg, le héraut du«patriotisme économique», élu en Saône-et-Loire, ramène un peu d’espoir dans cette France des usines, d’Areva à BAT, de Rexam à l’ex-Lejaby. Il l’assure : miser sur l’industrie française, c’est suivre «la route de la troisième révolution industrielle».

«Gageure». En cette rentrée 2012 plombée par le plan social de PSA Peugeot-Citroën et la faillite du volailler Doux, il faut un certain optimisme pour y croire. Et pourtant, pour quelques irréductibles petits patrons, il est encore possible de produire en France, d’y monter ou d’y relocaliser son usine. A certaines conditions.

Jacques Marie, PDG de Bleu Forêt, a racheté, en 1994, une usine de confection de chaussettes à Vagney, dans les Vosges. A l’heure des premières délocalisations, le téméraire assume «le choix stratégique de produire 100% français». Avec 250 salariés et un produit pour lequel la main-d’œuvre coûte la moitié du prix de revient moyen, impossible de rivaliser avec les produits venus de Chine, cinq fois moins chers sur les premiers prix. «J’ai donc opté pour un positionnement moyen-haut de gamme et tenu compte de ce qui allait s’appeler le développement durable. J’ai assuré la qualité des socquettes, misé sur la créativité pour renouveler les collections, mis en place un service client à la hauteur. Il fallait que la valeur ajoutée ne fasse aucun doute pour donner un sens au prix plus élevé»,raconte-t-il. Sa recette est coûteuse : il investit dans des métiers à tisser récents, adopte des processus de fabrication économes en temps, centralise l’ensemble des étapes à Vagney et ne lésine pas sur le site web. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de BleuForêt est stabilisé autour de 16 millions d’euros. Première leçon : on peut supporter un coût du travail élevé si le niveau de gamme est élevé.

A quelques kilomètres, dans les mêmes montagnes, à Etival-Clairefontaine, une grosse PME fabrique à la fois sa pâte à papier et ses cahiers depuis six générations de patrons. Pourtant, pour Guillaume Nusse, le PDG de Clairefontaine, «produire en France, avec un tel coût du travail, est une gageure ; on ne peut réussir à tous les coups». Ainsi, pour se lancer sur le marché des carnets de moleskine, où l’assemblage et les finitions doivent être faits main, le PDG a ouvert un atelier au Maroc. Pour échapper «à la merde venue de Chine». A posteriori, il affirme que cette décision lui a permis «de conserver une activité sur le territoire national et quelques-uns des 3 000 emplois locaux».

Dans l’électronique grand public, par contre, pas la peine de chercher l’usine Archos. Le PDG de la seule marque tricolore du secteur affirme que le made in France n’existe plus. Henri Crohas s’en prend à la politique industrielle de ces vingt dernières années qui aurait «laissé partir le savoir-faire». Dans son entreprise, seule la matière grise, la recherche et développement, est encore dans l’Hexagone… avec la vérification de la qualité finale. Les tablettes conçues à Igny, dans l’Essonne, sont 100% fabriquées en Chine. Deuxième leçon : on peut produire en France, mais pas tout.

Poupées. Direction le Jura, où Thomas Le Paul, missionné par le groupe italien Simba Dickie en 2008 pour redresser Smoby Toys, s’est heurté à la disparition du savoir-faire dans le secteur du jouet. Impossible de façonner les visages des poupées ou coudre des peluches en série dans l’Hexagone. Mais en rachetant Smoby, l’italien a fait le pari de continuer à produire en France. Sans lésiner sur les moyens : 20 millions d’euros ont été investis pour rénover l’outil industriel de Moirans-en-Montagne et d’Arinthod (200 salariés). L’idée ? Automatiser au maximum la production pour réduire le coût de la main-d’oeuvre. «Depuis quelques années, les travailleurs asiatiques et d’Europe de l’Est aspirent à de meilleures conditions sociales, les dépenses et les délais de transports flambent, et le taux de change euro-dollar est bien moins favorable. De quoi réfléchir avant de s’implanter à l’autre bout du monde», estime Thomas Le Paul. Parfois, les géants asiatiques doivent s’incliner devant les usines françaises.

Etape suivante chez des entreprises qui ont scindé leur fabrication en plusieurs sites pour mieux produire made in France. Ce fut le choix de Malongo, PME du commerce équitable, lorsqu’elle s’est diversifiée dans les machines à café en 2008. «Pour rester français, il a fallu innover en matière de modèle économique, ne pas produire à la chaîne comme en Asie. Nous avons engagé un bureau d’étude, utilisé le crédit d’impôt recherche et misé sur l’écoconception», explique Jean-Pierre Blanc, le directeur général. Résultat : la machine est composée de cinq sous-ensembles «enclipsables», comme des Lego, fabriqués dans des plateformes séparées sur le modèle de l’industrie automobile. La plus grosse partie vient du site d’Altkirch, en Alsace, la puce est fabriqué en Paca, etc. Ce mode de fonctionnement a permis de créer 110 emplois et de s’adapter aux fluctuations de la demande.

Binocles. Les créateurs d’entreprises peuvent-ils s’en inspirer ? Oui pour le trio de jeunes fondateurs de See concept, producteurs de lunettes face-à-main - sorte de binocles à manche. Pourtant, tout le monde leur conseillaient de sous-traiter en Chine. «Etant lyonnais, je connaissais la Plastics vallée [à Oyonnax, dans l’Ain, ndlr], centre de production et concentration d’experts du plastique. J’ai pensé tout de suite à profiter de cette force française», explique l’un d’entre eux, Quentin Couturier. Les avantages sont multiples : un contact direct avec ses partenaires, connaître leur process en détail, ne pas dépendre d’un «sourceur» qui monnaierait sa connaissance du terrain et ses contacts, et, enfin, suivre la production au plus près. La démarche est possible car le coût salarial ne représente «que» 15% du produit. La leçon ? «Fabriquer en France, c’est faire des concessions sur sa marge»…

C’est justement ce qui pose problème au patron de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, qui a annoncé en juillet la restructuration du groupe et 8 000 suppressions de postes, notamment à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et Rennes. Comme tout le grand patronat, Philippe Varin réclame «une baisse massive du coût du travail» en France. Mais si le coût horaire y atteint 34,20 euros, soit 12% de plus qu’en Allemagne d’après Eurostat, la différence est plus mince dans l’industrie, où les deux pays sont au coude-à-coude à 33 euros l’heure. A l’échelle européenne, la France n’est donc pas forcément plombée par ses travailleurs.

Reste à savoir si communiquer autour du bleu-blanc-rouge, de la qualité et du haut de gamme permet de jouer gagnant. Pour les patrons de Malongo et Bleu Forêt, par exemple, cet espoir fait tourner les machines.

Le «think global, act local» est aussi au coeur de la stratégie marketing des américains : Coca-Cola joue sur le made in Castanet-Tolosan (Haute-Garonne), McDonald’s sur le «born in the USA, made in France».Et des français relocalisent pour les mêmes raisons : le Coq sportif vient de rouvrir une usine dans son fief d’origine de Romilly-sur-Seine (Aube). Le pari du produire français se tente. En espérant que les consommateurs, frappés par la baisse de leur pouvoir d’achat, soient prêts à mettre la main au porte-monnaie.

À LIRE AUSSI
«Produire français peut parfois être plus rentable»

Alors que de grands groupes délocalisent, des industriels font le pari de l'Hexagone... Léa Lejeune, journaliste au service Eco de «Libération», a répondu à vos questions.

 
Appellation d’origine mal contrôlée

Atout commercial, mais mal défini, le made in France est utilisé à tort et à travers.


Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !



Créer un site
Créer un site